Ah le Transsibérien !
Le rêve de bien des gens rencontrés sur ma route, ou même avant de
partir.
Mais d'abord précisons
que le Transsibérien est un rail et non un train. Cela explique donc
qu'on puisse faire des étapes entre Moscou et Vladivostok. On ne
paye pas 1 billet pour relier les 2 villes, non, on peut prendre
plusieurs trains qui empruntent le même rail. On peut aussi ne pas
descendre du train et parcourir cette longue distance en un trajet.
Cependant, ce voyage en une traite dure 7jours !
Moi j'ai voulu faire par
étape. Mais, comme je le disais dans le post précédent, je me suis
heurtée aux contraintes du visa. Ce dernier me permettant de rester
seulement 30 jours en Russie, j'ai dû réviser mon itinéraire et
l'amputer de plusieurs villes prévues à la base. C'est un choix
personnel motivé essentiellement par le fait que je n'aime pas
rester dans une ville juste pour 1 journée. J'aime prendre le temps
de découvrir un lieu plutôt que collectionner des noms de villes
sur une liste et sauter de train en train.
Aussi, je n'ai vu que peu
de villes russes : Saint-Pétersbourg, Moscou, Ekateringbourg,
Novosibirsk, Irkoutsk et Vladivostok.
Mais alors comment se
passe ce voyage ?
Il existe plusieurs
classes dans un train, « koupè» ou « platskart ».
La différence est simple, le koupè est un wagon composé de
plusieurs compartiments, chacun contenant 4 couchettes. Tandis que le
platskart est la classe du dessous où 54 personnes (au maximum)
voyagent dans le même wagon.
On m'avait recommandé le
koupè pour des raisons de sécurité que j'aborderai plus loin dans
ce post, mais les prix m'en ont dissuadé. Le platskart est moitié
moins cher !
Le wagon platskart est
composé de manière à ce que tout le monde puisse avoir une
couchette. Je vais m'employer ici à le décrire mais je ne suis pas
sûre d'être très claire... (se référer aux photos)
6 couchettes sont
agencées de la même façon 9 fois dans un même wagon: 2 couchettes
face à face séparées par une table et la fenêtre. On trouve 2
couchettes supplémentaires au dessus des deux premières.
De l'autre côté de
l'allée, on trouve deux sièges séparés par une table, le tout est
convertible en 1 couchette et au dessus de cela, 1 couchette de plus.
Pour chaque couchette
sont mis à disposition un matelas, un oreiller et une couverture.
Mais que fait-on des
bagages ?
Ça, c'est super bien
pensé ! Les couchettes du bas sont en fait des coffres où on
peut déposer sa valise. Si on est sur une des couchettes surélevées,
on place son bagage au dessus de soi où se trouve une étagère.
Le luxe, c'est d'avoir
une place du bas. Parce que quand on a une place surélevée, on est
couché d'office ou on descend pour s'asseoir sur la couchette de
notre voisin du dessous.
Dans chaque wagon, il y a
une hôtesse qui délivre à chaque passager un drap, une housse de
couette et un housse d'oreiller propres, le tout dans un sac
plastique scellé.
L'ambiance dans le train
russe n'a rien de commun avec ceux que je connaissais auparavant.
L'activité principale, c'est la bouffe ! Ils sont tout le temps
en train de bouffer. Par contre, sympa, la bouffe, ça se partage.
J'ai adoré voir les mamies sortir leurs légumes, les éplucher, en
faire une salade et la distribuer à la ronde. Je me suis vite
retrouvée pourvue d'une assiette remplie de saucisses, pâté de
poisson, pain, salade, œuf,... Moi qui ne mange qu'un repas par
jour, j'ai été gavée bien des fois ! Etant la seule non
russe, je suis devenue l'attraction du wagon. Et même s'ils ne
parlaient pas anglais, et moi que quelques mots de russe, on a réussi
à communiquer avec les mains et à bien rigoler.
Petite anecdote rigolote.
Ils m'ont tous demandé ce que je faisais là. J'ai d'abord essayé
d'expliquer que je faisais un tour du monde en formant une boule avec
mes mains et me désignant en faire le tour. Mais ils m'ont alors
demandé si je faisais du foot... raté ! Du coup, j'ai vite
appris à dire « monde » en russe pour expliquer ce que
désignait cette boule. Malheureusement, « monde » se dit
« mir » en russe et il faut rouler le « r »,
ce dont je suis incapable. Je répétais « mirrr »,
« mil », « milr » jusqu'à ce que quelqu'un
de l'assemblée comprenne mon défaut de prononciation.
Bref, moi j'ai adoré
prendre le train en Russie. Pas pour les paysages, parce que,
honnêtement, il n'y a rien à voir à part des plaines et des forêts
et des forêts et des forêts de bouleaux. Mais l'ambiance dans le
train et l'enthousiasme des gens pour me faire connaître leur pays,
ça, ça valait vraiment le coup.
Je tiens aussi à
souligner qu'il faut arrêter de dire que les russes ne sont pas
sympas. On m'avait dépeint une image si négative de la Russie que
j'étais vraiment sur mes gardes en arrivant. Or, même si le russe
n'est pas très avenant, il n'est pas non plus xénophobe comme on me
l'avait sous-entendu. C'est vrai qu'il n'est pas toujours facile de
communiquer dû à la barrière de la langue mais ce n'est pas qu'en
Russie que je me suis heurtée à ce problème. En revanche, il faut
forcer un peu pour se faire entendre. Les gens partent du principe
qu'ils ne comprennent pas la langue dans laquelle je m'adresse à
eux, aussi, leur premier réflexe est de répondre « non ».
Mais si je me tourne vers eux, c'est que je sais qu'ils peuvent
comprendre ce que je demande avec mes gestes ou ma carte. Alors j'ai
appris à « coincer » les gens. Les accoler à un mur
pour qu'ils ne me fuient pas et s'efforcent de répondre à ma
question. C'est drôle finalement, parce que jamais je ne me serais
permise d'être aussi insistante au début du voyage. Si on me disait
« no English », je leur fichais la paix. Maintenant, je
suis plus lourde. Mais, ça marche ! On finit par m'indiquer la
bonne route, la gare,... et avec le sourire ! Parce que
qu'est-ce que c'est gratifiant d'accomplir une bonne action qui
finalement ne requiert qu'un peu de temps et de bonne volonté !
Bref, moi j'aime bien les
russes ! En revanche, je ne leur ressemble pas du tout !
Les filles russes sont extrêmement bien apprêtées, habillées,
maquillées. Moi ça fait 8 mois que je tourne avec les mêmes
fringues confortables mais pas sexy pour 2 sous. Une de mes hôtes
m'a dit « On pourrait sortir ce soir » et puis me
regardant de haut en bas a ajouté « Enfin, il faut que je
trouve où on pourrait aller, parce que là tu ne rentres nulle
part ! ». Moi, j'ai trouvé ça drôle. Pour le coup,
c'est vrai qu'elles sont belles mais je n'ai jamais su si elles
allaient en boite ou en sortaient pour être toute habillées comme
ça.
Ah oui ! J'ai un
autre coup de gueule à faire passer ! Méfiez-vous des guides
de voyage de type Routard ou Lonely Planet. Certes, c'est plein
d'infos mais ils sont aussi très alarmistes. J'ai décidé d'arrêter
de me pencher dessus depuis la Russie. En effet, le Lonely Planet
consacré au Transsibérien dit que début septembre est une des
pires périodes pour prendre le train, qu'il faut réserver pour
espérer avoir une place... Or, je n'ai jamais eu aucun problème
pour prendre le train que je voulais et il y avait des places vides.
Il indiquait aussi qu'une voyageuse seule devrait prendre une place
en koupè par mesure de sécurité et éviter les hommes enivrés par
la vodka qui pourraient se montrer agressifs ou envahissants en
platskart. Il faut arrêter aussi avec ça. Oui, les russes boivent
de la vodka. Et les espagnols de la sangria. Et les allemands de la
bière. Et les mexicains de la téquila. Mais s'il y a de la vodka,
ils la partagent volontiers dans une ambiance bon enfant.
Alors, j'arrête de lire
les infos de ce type. Je me prend déjà pas mal la tête en
préparation et organisation sans avoir besoin de m'en faire pour ce
genre de souci non vérifié.
Voilà, un petit coup de
gueule ! Ça fait du bien et ça permet de passer à la suite.
En parlant de suite, j'ai
un petit souci. J'ai perdu mon carnet de voyage, outil très utile
pour écrire le blog. Je vais donc écrire le Japon avec moins de
détails que voulu. Par contre, je vous le dis tout de suite, si je
dois choisir un pays où poser BigBob, ça serait probablement au
Japon.
Au prochain post je vous
dis pourquoi.