vendredi 30 novembre 2012

Un train russe

Quelques photos pour mieux comprendre la composition d'un wagon

9 fois la même chose: 4 couchettes d'un côté du couloir, 2 de l'autre.

la table à rabattre pour former une couchette (avec une autre un peu plus haut)
4 couchettes et les matelas roulés et oreillers à disposition
Le coffre à rabattre pour en  faire une couchette




La Russie (2e partie): Le transsibérien et autres précisions

Ah le Transsibérien ! Le rêve de bien des gens rencontrés sur ma route, ou même avant de partir.
Mais d'abord précisons que le Transsibérien est un rail et non un train. Cela explique donc qu'on puisse faire des étapes entre Moscou et Vladivostok. On ne paye pas 1 billet pour relier les 2 villes, non, on peut prendre plusieurs trains qui empruntent le même rail. On peut aussi ne pas descendre du train et parcourir cette longue distance en un trajet. Cependant, ce voyage en une traite dure 7jours !

Moi j'ai voulu faire par étape. Mais, comme je le disais dans le post précédent, je me suis heurtée aux contraintes du visa. Ce dernier me permettant de rester seulement 30 jours en Russie, j'ai dû réviser mon itinéraire et l'amputer de plusieurs villes prévues à la base. C'est un choix personnel motivé essentiellement par le fait que je n'aime pas rester dans une ville juste pour 1 journée. J'aime prendre le temps de découvrir un lieu plutôt que collectionner des noms de villes sur une liste et sauter de train en train.
Aussi, je n'ai vu que peu de villes russes : Saint-Pétersbourg, Moscou, Ekateringbourg, Novosibirsk, Irkoutsk et Vladivostok.

Mais alors comment se passe ce voyage ?
Il existe plusieurs classes dans un train, « koupè» ou « platskart ». La différence est simple, le koupè est un wagon composé de plusieurs compartiments, chacun contenant 4 couchettes. Tandis que le platskart est la classe du dessous où 54 personnes (au maximum) voyagent dans le même wagon.
On m'avait recommandé le koupè pour des raisons de sécurité que j'aborderai plus loin dans ce post, mais les prix m'en ont dissuadé. Le platskart est moitié moins cher !
Le wagon platskart est composé de manière à ce que tout le monde puisse avoir une couchette. Je vais m'employer ici à le décrire mais je ne suis pas sûre d'être très claire... (se référer aux photos)
6 couchettes sont agencées de la même façon 9 fois dans un même wagon: 2 couchettes face à face séparées par une table et la fenêtre. On trouve 2 couchettes supplémentaires au dessus des deux premières.
De l'autre côté de l'allée, on trouve deux sièges séparés par une table, le tout est convertible en 1 couchette et au dessus de cela, 1 couchette de plus.
Pour chaque couchette sont mis à disposition un matelas, un oreiller et une couverture.

Mais que fait-on des bagages ?
Ça, c'est super bien pensé ! Les couchettes du bas sont en fait des coffres où on peut déposer sa valise. Si on est sur une des couchettes surélevées, on place son bagage au dessus de soi où se trouve une étagère.
Le luxe, c'est d'avoir une place du bas. Parce que quand on a une place surélevée, on est couché d'office ou on descend pour s'asseoir sur la couchette de notre voisin du dessous.
Dans chaque wagon, il y a une hôtesse qui délivre à chaque passager un drap, une housse de couette et un housse d'oreiller propres, le tout dans un sac plastique scellé.

L'ambiance dans le train russe n'a rien de commun avec ceux que je connaissais auparavant. L'activité principale, c'est la bouffe ! Ils sont tout le temps en train de bouffer. Par contre, sympa, la bouffe, ça se partage. J'ai adoré voir les mamies sortir leurs légumes, les éplucher, en faire une salade et la distribuer à la ronde. Je me suis vite retrouvée pourvue d'une assiette remplie de saucisses, pâté de poisson, pain, salade, œuf,... Moi qui ne mange qu'un repas par jour, j'ai été gavée bien des fois ! Etant la seule non russe, je suis devenue l'attraction du wagon. Et même s'ils ne parlaient pas anglais, et moi que quelques mots de russe, on a réussi à communiquer avec les mains et à bien rigoler.
Petite anecdote rigolote. Ils m'ont tous demandé ce que je faisais là. J'ai d'abord essayé d'expliquer que je faisais un tour du monde en formant une boule avec mes mains et me désignant en faire le tour. Mais ils m'ont alors demandé si je faisais du foot... raté ! Du coup, j'ai vite appris à dire « monde » en russe pour expliquer ce que désignait cette boule. Malheureusement, « monde » se dit « mir » en russe et il faut rouler le « r », ce dont je suis incapable. Je répétais « mirrr », « mil », « milr » jusqu'à ce que quelqu'un de l'assemblée comprenne mon défaut de prononciation.

Bref, moi j'ai adoré prendre le train en Russie. Pas pour les paysages, parce que, honnêtement, il n'y a rien à voir à part des plaines et des forêts et des forêts et des forêts de bouleaux. Mais l'ambiance dans le train et l'enthousiasme des gens pour me faire connaître leur pays, ça, ça valait vraiment le coup.

Je tiens aussi à souligner qu'il faut arrêter de dire que les russes ne sont pas sympas. On m'avait dépeint une image si négative de la Russie que j'étais vraiment sur mes gardes en arrivant. Or, même si le russe n'est pas très avenant, il n'est pas non plus xénophobe comme on me l'avait sous-entendu. C'est vrai qu'il n'est pas toujours facile de communiquer dû à la barrière de la langue mais ce n'est pas qu'en Russie que je me suis heurtée à ce problème. En revanche, il faut forcer un peu pour se faire entendre. Les gens partent du principe qu'ils ne comprennent pas la langue dans laquelle je m'adresse à eux, aussi, leur premier réflexe est de répondre « non ». Mais si je me tourne vers eux, c'est que je sais qu'ils peuvent comprendre ce que je demande avec mes gestes ou ma carte. Alors j'ai appris à « coincer » les gens. Les accoler à un mur pour qu'ils ne me fuient pas et s'efforcent de répondre à ma question. C'est drôle finalement, parce que jamais je ne me serais permise d'être aussi insistante au début du voyage. Si on me disait « no English », je leur fichais la paix. Maintenant, je suis plus lourde. Mais, ça marche ! On finit par m'indiquer la bonne route, la gare,... et avec le sourire ! Parce que qu'est-ce que c'est gratifiant d'accomplir une bonne action qui finalement ne requiert qu'un peu de temps et de bonne volonté !
Bref, moi j'aime bien les russes ! En revanche, je ne leur ressemble pas du tout ! Les filles russes sont extrêmement bien apprêtées, habillées, maquillées. Moi ça fait 8 mois que je tourne avec les mêmes fringues confortables mais pas sexy pour 2 sous. Une de mes hôtes m'a dit « On pourrait sortir ce soir » et puis me regardant de haut en bas a ajouté « Enfin, il faut que je trouve où on pourrait aller, parce que là tu ne rentres nulle part ! ». Moi, j'ai trouvé ça drôle. Pour le coup, c'est vrai qu'elles sont belles mais je n'ai jamais su si elles allaient en boite ou en sortaient pour être toute habillées comme ça.

Ah oui ! J'ai un autre coup de gueule à faire passer ! Méfiez-vous des guides de voyage de type Routard ou Lonely Planet. Certes, c'est plein d'infos mais ils sont aussi très alarmistes. J'ai décidé d'arrêter de me pencher dessus depuis la Russie. En effet, le Lonely Planet consacré au Transsibérien dit que début septembre est une des pires périodes pour prendre le train, qu'il faut réserver pour espérer avoir une place... Or, je n'ai jamais eu aucun problème pour prendre le train que je voulais et il y avait des places vides. Il indiquait aussi qu'une voyageuse seule devrait prendre une place en koupè par mesure de sécurité et éviter les hommes enivrés par la vodka qui pourraient se montrer agressifs ou envahissants en platskart. Il faut arrêter aussi avec ça. Oui, les russes boivent de la vodka. Et les espagnols de la sangria. Et les allemands de la bière. Et les mexicains de la téquila. Mais s'il y a de la vodka, ils la partagent volontiers dans une ambiance bon enfant.
Alors, j'arrête de lire les infos de ce type. Je me prend déjà pas mal la tête en préparation et organisation sans avoir besoin de m'en faire pour ce genre de souci non vérifié.

Voilà, un petit coup de gueule ! Ça fait du bien et ça permet de passer à la suite.
En parlant de suite, j'ai un petit souci. J'ai perdu mon carnet de voyage, outil très utile pour écrire le blog. Je vais donc écrire le Japon avec moins de détails que voulu. Par contre, je vous le dis tout de suite, si je dois choisir un pays où poser BigBob, ça serait probablement au Japon.
Au prochain post je vous dis pourquoi.
 

samedi 24 novembre 2012

Itinéraire emprunté en Russie

  

 Donc résumons : 9+26+27+30+68=  160 heures de train passées sur le territoire russe. Je conseille donc quelques bons bouquins et l'entrain pour parler avec les mains aux russes.
Pour ma part, je recommande ce voyage. Je suis contente (et fière) de l'avoir fait toute seule. J'ai rencontré des gens à la fois intéressants, gentils, curieux, ... Et puis ça m'a prouvé que, même seule, je m'en sors très bien et j'adore toujours voyager.

mercredi 21 novembre 2012

Photos de la Russie

Saint-Pétersbourg

Le Marinski

Ceci est un club de fitness!

Le Palais d'Hiver

Moscou



Yekateringbourg

Sous cette église orthodoxe se trouve l'endroit où la dernière famille de tsar fut massacrée.

Irkoutsk
Le trop bon poisson du lac Baikal

Le lac Baikal

 Vladivostok


jeudi 1 novembre 2012

La Russie (première partie)

Capitale : Moscou
Monnaie : rouble
Taux de change : 1 euro = 40.05 roubles
Fuseau horaire : de UTC +04:00 à +11:00
Décalage horaire avec la France : entre 2h et 9h d'avance sur la France

Pour la Russie, j'ai décidé de faire 2 posts. Celui-ci concerne les villes visitées et les hôtes rencontrés. Le prochain sera une description plus approfondie du train, du Transsibérien et de mes impressions sur les russes et la Russie en générale.

Le premier septembre 2012, j'embarque à bord d'un train finlandais à destination de Saint-Pétersbourg. Je remplis quelques formalités administratives, on me tamponne mon visa et me voilà en Russie !
Je porte avec moi le chagrin du départ de João, ce qui, je dois l'avouer, ternit mes premières impressions de Russie.

Saint-Pétersbourg m'accueille avec un temps pluvieux et Nastasia, mon hôte qui ne parle que très mal l'anglais. Heureusement, elle reçoit aussi une néo-zélandaise avec qui je passe mes journées à visiter la ville et papoter sur nos voyages. Ça me change les idées même si je n'arrête pas de parler de mon portugais.
Bref Saint-Pétersbourg est jolie. J'aime sa cathédrale aux formes étranges qui me fait me rendre compte que je suis en Russie tout comme l'impressionnant palais d'hiver. Mais l'expérience la plus intéressante se trouve à l'endroit où je séjourne pour 3 jours. Mon hôte est prof d'histoire dans un collège et elle vit dans un « appartement communautaire » comme il y en a des tas à Pétersbourg. Il s'agit d'un appartement qui communique avec 2, 3 ou 4 autres et qui a la salle de bain, les toilettes et la cuisine en commun avec ces derniers. Dans mon cas, nous partageons tout ça avec une mamie et son chien qui aboie au moindre bruit et un jeune couple et leur bébé (qui produit les bruits pour faire aboyer le chien). Ça ressemble un peu à une coloc mais en moins sympa.

Je reste à Saint-Pétersbourg 3 jours puis il est temps de me rendre à Moscou. 9 heures de train plus tard, j'arrive chez Alena qui pour le coup parle parfaitement anglais et très bien français ! Elle n'a malheureusement pas beaucoup de temps à m'accorder et je passe donc plus de temps à bavarder avec ses chats qu'avec elle. Les chats sont sympas mais ils ont fait leurs griffes sur le matelas gonflable qu'Alena m'avait préparé ! Aussi c'est fatiguée et déprimée que je vais faire la touriste à Moscou. Premier fait marquant, il est très difficile de trouver une carte dans cette ville. J'ai vraiment galéré et quand j'en ai dégoté une, il s'est avéré qu'elle était de très mauvaise qualité. Mais je trouve tout de même le Kremlin, la place rouge et la cathédrale pour prendre les photos que tout bon touriste se doit de rapporter.
Puis, un soir, je reçois un mail de João. Il a réfléchi. Il veut revenir ! Je n'en reviens pas ! Il parle de me rejoindre le plus vite possible. On se met d'accord sur le Japon. Il ne me reste qu'un mois à voyager seule avant que ma Patate ne retrouve sa place à mes côtés !

Mais quel mois !
Je quitte la capitale et après 26h de train, j'arrive à Iekaterinbourg, la ville qui délimite continents européen et asiatique. Elle est aussi tristement célèbre pour avoir été le lieu de massacre de la dernière famille de tsar. Tout ça, c'est mon hôte Katerina qui me l'explique. On passe toute une journée à parcourir la ville et elle truffe la promenade d'anecdotes historiques ou culturelles. C'est vachement cool.

Cependant Iekaterinbourg reste dans ma mémoire pour une toute autre raison.
Les gens qui me connaissent savent mon aversion pour les religions. Et me voici accueillie par Katerina, récemment baptisée protestante après une vie de débauche. La conversation qui découle de cette situation est très intéressante. Elle me fait part de son parcours et comment elle en est arrivée à laisser entrer Dieu dans sa vie. Apparemment tout va beaucoup mieux depuis. Du coup, comme la foi a tout arrangé pour elle, elle me suggère de faire de même. Mais pas du genre grenouille de bénitier qui recrute. Non, c'était plutôt très gentil, elle voulait juste que je sois aussi heureuse et épanouie qu'elle. J'ai essayé de lui expliquer que je le suis mais sans avoir besoin de croire en une divinité, juste en errant de par le monde. C'était un débat passionnant et animé tout en restant très respectueux et tolérant. J'ai adoré ! Parce que Katerina est tellement à 1000 lieux des gens que je fréquente à l'ordinaire. Vous me direz, pas besoin d'être en Russie pour disserter pendant des heures avec quelqu'un qui a des croyances différentes des siennes. Certes. Mais moi ça me plaît comme ça !

Enfin bref.
Je quitte Iekaterinbourg avec le sentiment de m'y être fait une nouvelle amie malgré une langue, un pays, une culture et une religion différents. Et 27h plus tard me voici arrivée à Novosibirsk. Avec du recul, je me demande ce que je suis allée foutre là-bas. Ce n'est pas très beau, on n'y trouve rien de spécial à part de massives statues (de Lénine bien sûr). Mais une fois encore, j'ai de supers hôtes. Je reste 3 jours chez Natasha et Dennis et leur petit Misha de 1 an et demi. Moi qui ne raffole pas des gosses, je me retrouve bien vite à jouer à cache-cache avec celui-ci. Il est sympa, il me réveille tous les jours à 8h30... Au moins il me prépare à tous ces bébés que mes amies ont pondus ou sont en train de pondre en France (un petit coucou en passant à Maka, Emma, Camille et Cécile et toutes celles qui ne vont pas tarder à l'annoncer).
Dans cette famille, seule la maman parle anglais. Avec le papa, je comprend l'intérêt de la tablette Ipad : il tape en russe ce qu'il veut me dire et ça me traduit en un anglais approximatif ! Avec Misha en revanche, je lui parle en français, il me répond en russe et c'est bien. J'ai, pendant ces quelques jours, l'impression d'être accueillie par de la famille, je m'y sens bien et je parle de tout et n'importe quoi avec ces gens que je ne connais pourtant que très peu. On passe une soirée dans un club de jazz, on se promène au parc avec Misha qui court partout, on mange des sushis et papotons beaucoup.

Après ces quelques jours tranquilles, je reprend le train pour 30h afin d'atteindre Irkoutsk connue pour le lac Baikal à proximité. En soi, la ville est moche. Je le savais. Mais il faut y aller pour parcourir le lac et surtout (absolument!) goûter du poisson de là-bas. C'est le meilleur poisson que j'ai mangé de ma vie ! Il s'agit de poisson fumé qu'on mange avec les doigts en admirant la vue sur le lac depuis une petite colline. Un régal, pour les papilles et les yeux !
Je reste moins de temps que je ne l'aurais voulu dans la région car, déjà, je dois penser à quitter le pays. Le visa Touriste ne permettant de rester que 30 jours, je ne peux guère prendre mon temps pour traverser le plus grand pays du monde.

C'est alors que je prend la route pour le plus long trajet depuis mon départ de France : 68h de train ! J'arrive ainsi à Vladivostok, avec l'impression d'avoir atteint le bout du monde. Je suis alors logée chez Galya qui devient instantanément une complice. Elle m'emmène voir les sites intéressants de la ville et de ses environs. J'ai beaucoup de chance car la semaine précédant mon arrivée la ville a connu un typhon qui a obligé tout le monde à rester chez soi. Pour le coup, il fait un temps magnifique et c'est tant mieux puisque nous allons à « l'île Russe », une île qui a servi de fort protecteur de la ville. On y trouve donc des bunkers et des canons cachés un peu partout sur l'île.
Nous faisons aussi une visite des souterrains de Vladivostok. Galya passe donc 2 heures à me traduire le savoir du guide. C'est super intéressant. La ville avait besoin de beaucoup de protection car, en temps de guerre, si Vladivostok était prise, la Russie perdait tout le côté est du pays !
Un soir, elle me prépare un dîner à base de spécialités russes : gelée de viande, calamar séché, salade d'algue, pain noir et moutarde forte, le tout accompagné de bière (ça n'a pas l'air comme ça, mais tout n'était pas dégueu). Nous finissons le repas par un petit thé où j'en profite pour lui apprendre à jouer à Abalone (incapable de cuisiner, il faut bien que je participe à ma façon!).

Et voilà encore le moment des adieux. J'embarque pour 45heures à bord d'un bateau à destination de Sakaminaito, Japon.


J'essaye de poster le Transsibérien bientôt mais les plus impatients vont devoir être un peu tolérants car en ce moment, j'en prend plein les yeux et j'ai bien du mal à me poser au calme pour écrire...